Crédit et capital sont sur plusieurs points des contraires.
1. Aucun terme de remboursement n’est attaché au placement en capital
Au crédit est attaché un terme de remboursement ou l’exigibilité à tout moment d’un remboursement total ou partiel.
2. Hors coopératives et mutuelles, le placement en capital procure la propriété ou copropriété d’une entreprise
La seule propriété que procure le placement en crédit est celle d’une créance.
3. Le revenu constitué par tout ou partie du bénéfice d’une entreprise est attaché au placement en capital
Le paiement d’un intérêt est attaché au financement par du crédit. Le prix du crédit est susceptible d’être fixe, une fois conclu, fixe. Le revenu d’un placement en capital varie selon les résultats et la trésorerie de l’entreprise. De là, vient la distinction entre obligations, titres de placement en crédit et actions, titres de placement en capital.
4. Le recours d’une entreprise au crédit participe à la minoration du capital de cette entreprise
Inversement, le recours d’une entreprise à une augmentation de son capital participe à la minoration de l’endettement de cette entreprise.
5. Le remboursement du principal d’un crédit constitue une sortie de trésorerie
Moins de crédit moyennant plus de capital réduit les sorties de trésorerie.
6. Une augmentation de capital est une contribution durable à l’augmentation d’une capacité de production
L’emprunt qui entre dans le financement d’une entreprise est une contribution temporaire. La plus-value, qu’elle soit obtenue par effet de levier ou autrement, est un transfert et non pas une création de pouvoir d’achat.
7. Seule la fourniture d’une nouvelle marchandise élémentaire crée de la valeur d’échange
Chaque fois qu’il y a fourniture d’une marchandise élémentaire en échange de sa rémunération, un salarié ou un épargnant crée de la valeur d’échange. Les marchandises composées que les entreprises achètent et vendent ouvrent et entretiennent des débouchés qui alimentent la demande de marchandise élémentaire et par conséquent la création incessante de valeur d’échange sous forme de revenus.
8. Les placements en crédit et en capital ne sont pas sur deux points des contraires
Ils ont en commun d’être financiers et spéculatifs. Cependant, il existe deux sortes de spéculation financière. Elles deviennent faciles à distinguer quand on observe assez attentivement une forme de vente d’un crédit pour l’achat d’une chose susceptible de valoir demain plus cher que ce qu’elle vaut aujourd’hui.
9. Donnons la parole à un vendeur de cette forme de crédit
« Achetez cette chose qui vaut aujourd’hui 100 au moyen du prêt de 100 que mon établissement va vous octroyer. Dans un an, cette chose vaudra 115, alors que sur un an, le crédit de 100 vous coûtera 5. Vous vous serez donc enrichi de 115 moins 100 moins 5, soit de 10. ». Dans ce procédé, le vendeur V fait au client C une offre d’échange marchand, le crédit en contrepartie du paiement d’intérêts. Toutefois, c’est en déportant la prise en charge du coût sur un tiers putatif, l’acheteur suivant de la chose acquise par C au moyen de l’offre de V.
Le financement vendu par V ne prend part à aucune création de richesse marchande, laquelle création n’existe qu’en cas de fourniture d’au moins une nouvelle marchandise élémentaire. On est en présence d’une spéculation non-enrichissante de l’ensemble de la population.
10. Dans la fourniture à une entreprise d’un financement, permanent ou temporaire, il existe un déport de prise en charge du coût de cette fourniture
Il est sur les futurs clients de l’entreprise. Pourtant, différence essentielle, c’est moyennant l’achat de produits du travail nouveau au personnel de l’entreprise. Dans ce cas aussi intervient de la spéculation financière, mais créatrice de valeur d’échange. Les revenus du travail et du placement d’épargne procurés par les entreprises sont au moyen de cette spéculation enrichissante.